Le changement de branding de Twitter est tellement problématique sur tellement de plans différents que je tenais à en parler. Le problème, c’est que Muskito a trop bien fait le ménage, et que le bleu est parti au lavage en même temps que l’oiseau. Et moi, ben, j’ai pour principe d’analyser le monde à travers ses couleurs. Donc voilà, ça me faisait un peu ch!er.
Heureusement, c’était sans compter sur le génie marketing de la WWF, toujours au taquet quand il y a une occasion de marquer les esprits.
Voici donc leur dernier coup d’éclat:
L’inconvénient, quand tu cherches à sauver la planète d’une dégringolade le long d’un toboggan savonneux incliné à 90°, c’est que c’est un combat perdu d’avance. Tel un témoin de Jéhovah, tu te sens investi d’un devoir moral de prêcher la bonne parole, même si ça implique de faire le pied de grue pendant des heures sur un trottoir à côté d’un présentoir de dépliants que tout le monde fera semblant de ne pas voir.
Ce qui est cool, par contre, c’est que (maigre consolation) au plus ça va, au moins t’as besoin de te creuser la tête pour trouver un concept percutant. La réalité s’en charge très bien.
En fait, tel que c’est parti, la moindre virée hors de chez nous au milieu des tempêtes, des canicules, des essaims de sauterelles, et autres fleuves changés en sang pendant sept jours, ressemblera bientôt à une opération séduction du parti écologiste local.
Blaguounette à part :
La pub de WWF ne nous montre pas seulement vers quelle sinistre catastrophe mondiale on se dirige si on laisse les milliardaires mégalomanes aux commandes de notre bonne vieille planète. Elle nous montre aussi le risque qu’on encoure à suivre aveuglément les tendances en matière de création visuelle.
(Je suis d’accord, ça ferait un moins bon film catastrophe que la fin du monde, mais en attendant l’arrivée des cavaliers de l’Apocalypse, il faut bien qu’on trouve des sujets de discussion)
Le logo de 𝕏 (tout comme le nom lui-même, d’ailleurs) n’est pas le fruit d’un projet original de rebranding. Ce n’est le fruit de pas grand-chose, en réalité, vu que c’est un simple caractère unicode que n’importe qui ayant la patience de chercher sur Google peut utiliser comme ça lui chante.
Et je parle même pas du nouveau nom, qui fait littéralement une croi𝕏 sur tout un pan de notre culture au profit d’une lettre chargée de tellement de connotations négatives (ancien, porno, supprimer, censurer, fermer une fenêtre virtuelle, E𝕏tinction, etc.) qu’en les empilant, on pourrait faire une tour qui monte jusqu’au point Godwin.
(D’ailleurs, maintenant que j’y pense, la croire gammée, c’est aussi une sorte de X en noir et blanc… HmmMmMmmmMMmm… Coïncidence ???)
C’est le triomphe de la ligne sur la couleur. Du caractère mathématique impersonnel sur les formes organiques. Et à voir les gros titres, j’ai pas vraiment l’impression que ça soit si bon que ça pour les affaires…
Un rebranding radical est toujours choquant, dans une certaine mesure, pour les personnes qui investissent émotionnellement la marque concernée. C’est un peu ridicule de penser qu’un changement de logo, de nom ou de police de caractère puisse traumatiser qui que ce soit, mais il faut pourtant croire que c’est le cas. (Cela dit, est-ce vraiment si étonnant quand on voit le poids des marques et de leur branding sur notre culture ?)
Et dans le cas de Twitter, qui était fréquenté quotidiennement par plusieurs millions de personnes, c’est d’autant plus violent qu’on a sacrifié du jour au lendemain une figure d’oiseau (= gentille créature directement menacé par nos modes de vie) ET une couleur emblématiques (= point de repère rassurant) sur l’autel de l’ambition personnelle d’un des plus fidèles serviteurs du capitalisme.
Les images ont une portée émotionnelle plus profonde qu’on ne pourrait l’imaginer. Vouloir gommer les couleurs sous prétexte qu’elles ne sont pas en accord avec l’esthétique black & white d’une liste de chiffres à plein de zéros, c’est mortifère. Au bout du compte, les gens achètent toujours en étant guidés par leurs émotions, et nier la complexité de cette réalité ne mènera nulle part. Si révolution il y a, elle aura les couleurs, les formes et le pouvoir enchanteur de l’arc-en-ciel.
On a si désespérément besoin de vraies bonnes raisons de rêver à nouveau de l’avenir au lieu de le craindre que les marques qui en donneront à travers leur communication rafleront la mise. Et quelque chose me dit qu’il y aura de l’IA dedans…
Le mot magique du jour
Puisque aujourd’hui, l’humeur est à la dystopie, je te propose de générer des images postapocalyptic
sur Midjourney. Qui sait, ça pourrait te servir la prochaine fois que tu voudras dépeindre un avenir sans toi à tes clients…
blue postapocalyptic photography --ar 16:9
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