Orange Caramel (#D68044) 🟧

LinkedIn s'offre un trip délirant à la Fantasia qui fait tout l'inverse de ce qu'on attendrait d'une pub LinkedIn (et bizarrement, ça marche)

Ambiance déprime pour ces premières secondes de pub.

Une petite fille est reléguée au fond du plan, à contre-jour.

Sa posture ne respire pas vraiment la bonne humeur. En même temps, elle est piégée: prise en sandwich entre les deux rangées de vêtements sous plastique (proches mais sombres) et l'extérieur (lumineux mais lointain et inaccessible).

Le décor est posé.

Mais quelque chose déconne.

Parce qu'à gauche, la rangée de vêtements prend vie.

La petite fille se retourne. Mais visiblement, c’est business as usual, parce que son visage, c’est la poker face de l’extrême:

Bah vas-y Satan, mets-toi bien, moi j’ai une partie de Candy Crush à terminer

Ha, autant pour moi.

C’est bien gamine, t’as raison: il est jamais trop tôt pour commencer à créer son réseau. 😎

Bon, on va pas s’mentir, c'est bizarre de trouver l'appli LinkedIn sur le téléphone d'une collégienne… Mais il faut bien un prétexte pour introduire la raison d'être de la pub, alors let’s move on.

D’ailleurs, en parlant de bouger, il y a plein de trucs qui se mettent à bouger alors qu’ils ne devraient pas…

Rare photo de chaussettes en route pour rendre (plutôt deux fois qu’une) sa liberté à un elfe de maison.

…ou alors, pas comme ils le devraient.

Et bah voilà, c’est toujours pareil avec Satan: tu lui donnes les vêtements, il te prend toute la petite fille.

Plus la vidéo avance, plus l’action migre vers la périphérie du magasin et ses séduisantes couleurs chaudes…

Une porte se ferme, une autre s’ouvre

…jusqu’à ce plan final avec le miroir, que je ne m’explique pas:

J’ai essayé de reproduire ce mouvement de bouche chez moi. Ça n’a pas marché, et maintenant, je suis frustrée, parce que soit cette jeune fille a un super-pouvoir, soit des spécialistes des effets spéciaux ont été spécialement payés pour modifier sa bouche. Deux explications qui apportent chacune beaucoup plus de questions que de réponses…

Cette pub est bizarre.

Mais pas parce qu’elle met en scène des objets qui bougent tout seuls. Après tout, l'ami Ricoré le faisait déjà dans les années 90, et ce n’est pas exactement une marque connue pour ses coups de com’ risqués.

Ce qui est bizarre, à première vue, c’est le casting.

Quand Ricoré essaie d’acheter sa place sur la table du petit-déjeuner des Français, à la fin du 20e siècle, il le fait de la façon la moins inspirée possible:

En te montrant une gentille petite famille nucléaire toute lisse qui… boit du Ricoré.

Slurp slurp

Grand classique (vieillissant mais hélas pas encore enterré) de la publicité:

Tu prends une coquille vide à visage humain qui coche les cases de ton avatar client, et tu la montres en train d’utiliser ton produit dans la joie et la bonne humeur.

Maintenant, revenons à LinkedIn.

Quel genre de public LinkedIn aurait-elle intérêt à cibler à travers ses pubs?

Autrement dit, quel genre de public est le plus susceptible d’avoir besoin d’une application de réseautage professionnel?

Il y a toutes sortes de réponses possibles mais, sans trop m’avancer, je serais tentée de dire qu’une mineure qui danse dans une laverie déserte n’en fait probablement pas partie.

Et pourtant…

Quand on y réfléchit, c’était le meilleur choix de casting possible.

LinkedIn ne cherche pas à faire en sorte que le spectateur se reconnaisse dans le personnage.

L’objectif, c’est plutôt qu’on s’identifie à ce que le personnage incarne:

La nostalgie d’une époque de notre vie où l’on rêvait du métier que l’on ferait quand on serait grand, et où il nous suffisait d’un déguisement et de quelques accessoires pour devenir n’importe quel personnage.

Archétype de l’Innocent à l’œuvre, mes amis.

Et c’est ça qui rend cette pub aussi efficace:

Elle va au-delà des apparences pour toucher une corde sensible qui vibrera chez toutes les personnes potentiellement intéressées par ce que LinkedIn a à offrir.

Dans un monde où les pubs ont plutôt l'habitude de mettre en scène des caricatures d'avatars clients rincées à la javel, c’est un rafraîchissement bienvenu.

Quelle leçon pour ta communication?

Le milieu du marketing est un milieu traditionnellement plus extraverti qu’introverti, et ça se ressent dans les pratiques et les façons de penser.

Pas assez de prospects? Va les chercher, et fourre-leur ta propagande dans l’œsophage jusqu’à ce qu’ils vomissent leur portefeuille.

(Sans déconner, j’exagère à peine)

C’est comme ouvrir de force la gueule d’un chat pour lui coller un antibiotique dans le gosier:

OK, ça marche, mais à la fin, ton chat te déteste, et t’as perdu 30% de l’épiderme de tes bras.

(Accessoirement, c’est à cause de ce genre de pratique que les gens se méfient dès qu’ils entendent le mot marketing)

Une bonne communication d’entreprise n’est jamais aussi puissante que lorsqu’elle invite à l'introspection.

C’est ce que fait LinkedIn, en nous proposant une pub qui frappe à la porte de notre cœur pour savoir si un enfant rêveur s’y trouve encore (hey, tavu, moi aussi parfois je suis gluante de gnangnan).

Find your in, pas ton out…

Pour voir la vidéo en entier:

Le mot magique du jour

Profite de la sublime lumière de fin de journée dans tes images générées sur Midjourney avec le mot-clé golden hour:

laundromat, golden hour, chiaroscuro, cinematic still shot, haze, dreamy little girl --ar 16:9

Bluffant, non?

T’en veux encore?

Ça tombe bien, il y a plein de mots magiques du même style dans ma formation sur Midjourney 👀